
Contribution de Jamila ABITAR
La poésie et l’autre.
Cette conjonction évoque aussi bien une distance, une séparation entre la poésie et l’autre que leur union. Depuis la nuit des temps, elle trouve ses origines dans le berceau du nourrisson qui découvre sa gestuelle, ses propres sons et qui s’émerveille sous le regard et la grâce de l’autre, celui qui le recueille et le fait grandir.
Une écriture intérieure dans le corps d’un enfant mûrit.
Plus tard, il comprendra qu’écrire est un antidote, une consolation à bien des étapes de la vie. C’est la prise de conscience d’une langue nouvelle pour toujours ressentir le souffle de l’enfant, la quiétude de son sommeil et ses larmes laissées au sol. Lorsque la prose poétique traverse le corps, on se dit qu’elle va aussi toucher l’autre. La transmission de l’un à l’autre constitue un partage qui fait grandir l’humanité.
Nul ne s’éveille sans la lumière de l’autre.
La poésie, cette forme invisible qui prend forme dans le corps d’un texte est une quête d’une grande importance et je remercie vivement la Maison de la Poésie Marrakech, les professeurs, auteurs et ceux qui croient aux rencontres au cœur des régions, dans l’immensité du verbe. Ils
trouvent l’essentiel de l’existence. Ce qui nous console de vivre, ce qui entre en harmonie avec nos vies. Pour voler vers le langage des fleurs avec ludisme.
L’écriture, est un équilibriste au sommet d’une montagne. Il joint les cordes pour rester en vie. Il grimpe les mots et se réveille au coucher des syllabes. Il dit alors ce qu’elles ont laissé. La langue transmet et pourtant les pavés volent et attestent d’une réalité sans fin. Le para-tonner de la poésie protège les amoureux par leur capacité à s’émouvoir. Emerveillée par le lieu de noce entre le corps et le vocable. J’ai pris mon sang pour ma plume, mon rêve pour l’ivresse. Ecrire un poème, c’est faire de la poésie une pratique essentielle pour recueillir l’émotion, ce qui en reste, ce qui a de l’importance au point de chanter sa forme lyrique à travers les arts, la musique, la peinture, la sculpture, la danse tout ce qui apporte à notre esprit, un regard nouveau. On écrit pour soi mais, aussi pour les autres.
Pour continuer à rêver,
A offrir au passant
Le soleil qu’il n’aurait pas vu.
©Jamila ABITAR